Canadian Pharmacists Association
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Lutter contre les préjugés et le racisme systémiques dans notre contenu thérapeutique

Questions et réponses avec l’éditeur en chef de l’APhC, Barry Power

L’équipe de l’Association des pharmaciens du Canada (APhC) à l’origine du CPS s’est donné pour mission, depuis près de trois ans, de procéder à un examen approfondi de l’ensemble de son contenu clinique afin de remédier aux cas de préjugés, de racisme et de discrimination. Dans cette conversation avec le rédacteur en chef de l’APhC, Barry Power, nous entendons parler de ce processus et de la manière dont il améliore le CPS.

Qu’est-ce qui a donné le coup d’envoi de ce processus?

L’APhC s’est fermement engagée envers la diversité et l’inclusion, dont elle a fait un pilier de son plan stratégique le plus récent. Ainsi, tandis que nos efforts pour remanier le contenu du CPS font partie d’une priorité à l’échelle de l’organisation, des efforts importants ont été déployés ces dernières années pour reconnaître et traiter la longue histoire du racisme et des préjugés systémiques dans l’éducation et les publications en matière de soins de santé. En tant qu’éditeur canadien de premier plan, nous avons la responsabilité de veiller à ce que le contenu que nous produisons — contenu qui est utilisé par des dizaines de milliers de professionnels de la santé chaque jour au Canada — contribue à favoriser des soins équitables et ne contribue pas au racisme systémique constaté dans l’ensemble de notre système de santé.

Comment le processus a-t-il été entrepris et quels types de problèmes avez-vous constatés?

Notre approche s’est concentrée sur un certain nombre d’éléments essentiels, notamment les images de référence figurant dans le CPS, le langage et le contenu liés à la race et à l’ethnicité, et le langage lié à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre.

En ce qui concerne les images, nous avons pris des mesures importantes pour remédier au manque de diversité des photos de référence. Nous avons trouvé et ajouté des images représentant des conditions sur une variété de tons de peau et nous nous efforçons de remédier au manque persistant d’images autochtones. Parallèlement à l’examen et au remplacement des images, nos rédacteurs ont procédé à une évaluation critique de tous les contenus faisant référence à la race ou à la couleur de peau afin de les valider ou de les mettre à jour, et ils ont rédigé un tout nouveau contenu relatif à l’évaluation des affections dermatologiques. Nous avons également établi et mis en œuvre un langage pour améliorer les descriptions des conditions de santé qui sont biaisées envers la peau blanche. Par exemple, le terme « érythème » fait référence à une peau rouge ou rose. Chez de nombreuses personnes, la réaction peut se traduire par des couleurs allant du brun plus foncé ou du noir au bleu et au violet. Dans certains cas, il n’y a aucun changement visible de la couleur de la peau. Nous avons tenté de répondre à cette question, car tout le monde ne présente pas de « rougeurs ».

Outre les mises à jour portant sur les affections dermatologiques, quelles autres mesures avez-vous prises pour repérer et combattre le racisme systémique présent dans le contenu du site?  

Une partie de notre examen comprenait une évaluation critique de tout langage lié à la race et à l’ethnicité. Nos rédacteurs cliniques ont recherché des mots clés (par exemple, africain, asiatique, caucasien, etc.) et ont passé en revue les déclarations et les données probantes correspondantes. Ensemble, nos rédacteurs cliniques, réviseure clinique et rédacteurs scientifiques ont examiné les résultats et ont travaillé avec les auteurs des chapitres pour mettre en œuvre des variantes de formulation ou supprimer le contenu, le cas échéant.

En plus de la race et de l’ethnicité, quels autres aspects du langage avez-vous abordés?

Pour améliorer encore plus l’inclusivité de notre contenu, nous avons engagé des experts en orientation sexuelle et en diversité de genre et nous avons travaillé avec eux sur une révision de notre texte. Nous avons ensuite rédigé une section consacrée au langage et à la terminologie dans notre guide de style — un jeu de « règles » que nous nous efforçons d’appliquer à l’ensemble de notre contenu afin de garantir un langage inclusif en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre.

Parmi les exemples tirés du guide, citons l’utilisation d’un langage neutre et le fait d’éviter les pronoms masculins/féminins, des descriptions de personnes qui évitent de présumer de l’orientation sexuelle ou du genre, l’utilisation de termes neutres pour décrire l’anatomie ou les conditions associées au sexe biologique, le fait d’éviter les termes sur le sexe ou le genre qui sous-entendent des binaires, et le fait de s’assurer que la rédaction inclut les patients 2SLGBTQ+ et ne présume pas des relations hétérosexuelles.

Nous avons également ajouté des mises en garde au besoin, en particulier lorsque notre contenu est fondé sur des études de recherche clinique et qu’un langage non inclusif peut être utilisé pour maintenir l’exactitude de ce qui est rapporté dans la littérature clinique. 

Le CPS étant aussi offert en français, comment favorisez-vous l’inclusivité des genres dans votre contenu de langue française?

Puisque le français est une langue genrée, l’écriture inclusive est plus complexe qu’en anglais et exige une approche prudente. Nous avons consulté diverses références à jour qui traitent du sujet et recensé un certain nombre de formulations neutres et inclusives que nous adaptons au cas par cas.

Quelles sont les prochaines étapes de ce processus?

Si notre équipe clinique a déjà travaillé d’arrache-pied pour résoudre un certain nombre de problèmes clés, il s’agit d’un processus continu dans lequel nous sommes engagés pour améliorer notre contenu thérapeutique. Nous avons mis au point de nouvelles approches qui continueront à façonner le contenu que nous publierons à l’avenir, comme le guide de style linguistique que j’ai mentionné. Par exemple, nous avons activement recruté des professionnels de la santé aux profils variés qui examinent notre contenu et y apportent leur contribution.