Canadian Pharmacists Association
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Le point sur la pharmacie : Rencontre avec Molly Yang

 

Yazid Al Hamarneh

Molly Yang, HBSc, PharmD, RPh (Elle)
Directrice, Pharmacy Innovation & Professional Affairs, Wholehealth Pharmacy Partners
Markham (Ont.)

Molly Yang est directrice des Affaires professionnelles et de l’innovation de Wholehealth Pharmacy Partners, enseigne de pharmacie indépendante qui compte plus de 200 membres au Canada. Elle a obtenu son doctorat en pharmacie en 2020 à la faculté de pharmacie Leslie Dan de l’Université de Toronto. Dans ses fonctions actuelles, elle collabore avec l’industrie, le milieu universitaire et d’autres intervenants des soins de santé afin de diriger l’élaboration et la mise en œuvre de programmes cliniques et de recherches dans l’ensemble de l’enseigne. Ces programmes portent sur la vaccination des adultes, l’utilisation sécuritaire des opioïdes et la naloxone, et les maladies chroniques (diabète, asthme et la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC)), ainsi que sur des campagnes pour la santé mentale et des initiatives qui mettent les femmes à l’honneur dans la pharmacie et qui encouragent la représentation des populations minoritaires. Mme Yang est également membre du groupe consultatif sur l’équité, la diversité et l’inclusion de l’Ontario College of Pharmacists.

Questions et réponses

Nous avons rencontré avec Molly Yang pendant la Semaine nationale de promotion de la vaccination.

Quels sont les aspects les plus gratifiants dans votre exercice de la pharmacie?

La possibilité d’optimiser les soins aux patients dans tout le Canada par des campagnes d’éducation et de sensibilisation fait partie des aspects les plus gratifiants de mon rôle actuel. Je trouve particulièrement gratifiant de pouvoir mettre sur pied des activités de promotion de la santé communautaire et de prévention des maladies que les pharmaciens utilisent pour renforcer leur pratique dans leurs collectivités respectives.

Je sais à présent combien il est important en matière de santé de faire passer des messages d’une manière pragmatique et efficace qui trouve écho chez les patients et chez les professionnels de la pharmacie. Artiste et créative depuis toujours, j’ai la chance de pouvoir utiliser mes compétences pour améliorer les messages et les outils afin de renforcer la compréhension, l’utilité, la diversité et l’inclusion. Pendant la pandémie notamment, nous avons rédigé des notes et créé des infographiques, entre autres ressources de pharmacie, et il est très gratifiant de voir et d’entendre dire que ces ressources sont utilisées en appui à l’exercice de la pharmacie (sous notre enseigne et ailleurs).

Certes, quand j’ai pris mes fonctions, j’ai souffert du syndrome de l’imposteur, que beaucoup d’entre nous connaissent. En communiquant avec les membres de l’équipe et avec des mentors, en sortant de ma zone de confort et en décidant de toujours apprendre, quelle que soit la situation, je réussis mieux à cerner quand ce sentiment m’empêche d’avancer. Il est aussi très important pour moi, étant préceptrice et mentor d’étudiants, de partager ce que j’ai appris (dans ma carrière et personnellement) et, en fait, je trouve que cela stimulant.

Qu’est-ce qui vous rend fière d’être pharmacienne?

Ce qui me motive vraiment, et ce qui me remplit d’une immense fierté dans le fait d’être pharmacienne, c’est la détermination sans faille des équipes de pharmacie de tout le Canada à être présentes pour les patients. Voir la passion et le dévouement dont font preuve les pharmaciens en se dépassant chaque jour pour leurs patients et leurs collectivités, et voir certains des services novateurs qu’offrent les pharmacies, est une source d’inspiration constante.

La dernière semaine d’avril est la Semaine nationale de promotion de la vaccination. Selon vous, pourquoi les pharmaciens sont-ils bien placés pour jouer un rôle essentiel dans la vaccination dans leurs collectivités?

Les pharmaciens sont idéalement placés pour vacciner les collectivités, vu l’accessibilité des pharmacies communautaires, les résultats avérés des campagnes de vaccination (comme le montrent les programmes de vaccination des pharmacies contre la grippe et la COVID) et la grande confiance des patients dans la profession. Alors que le champ d’exercice de la pharmacie continue de s’élargir dans tout le Canada, les pharmaciens peuvent plus que jamais compter sur les services des pharmacies pour démontrer la valeur particulière qu’ils sont en mesure d’offrir à leurs patients.

Mon rôle consiste, pour une grande part, à aider les pharmaciens à s’y retrouver dans le tableau compliqué des vaccins. Beaucoup d’équipes de pharmacie font un travail phénoménal pour ce qui est d’intégrer la vaccination dans leurs activités. Toutefois, des obstacles systémiques risquent d’influer sur les services de vaccination, comme l’impossibilité de consulter les registres de vaccination et un temps, des connaissances, une formation, des outils ou conseils pharmaceutiques particuliers et un accès à tous les produits de vaccination limités. Afin d’examiner certains de ces facteurs, Wholehealth collabore depuis un an avec l’Université de Waterloo (Sherilyn Houle, Nancy Waite) et l’Université de Toronto (Lisa Dolovich) sur un projet de recherche, VaxCheck, dans le cadre duquel nous avons créé un outil de décision clinique infographique pour aider les pharmaciens à repérer les lacunes et à faire des recommandations en matière de vaccins particulières au patient. Notre recherche vise à examiner, dans l’optique d’une amélioration continue de la qualité, s’il est possible d’intégrer des examens de la vaccination en pharmacie avec cet outil ou processus. Attention, nous ferons connaître les résultats de notre recherche plus tard dans l’année!

Avez-vous des conseils pour les pharmaciens qui souhaitent jouer un plus grand rôle dans l’immunisation et la vaccination pour leurs patients?

Les pharmaciens peuvent jouer un rôle plus important dans la vaccination en voyant plus loin que les recommandations provinciales (pour l’ensemble de la population) en matière de vaccins et en intégrant dans leur travail de simples mesures qui incitent à parler des vaccins. Ils peuvent ainsi afficher du matériel de sensibilisation des patients pour que ceux-ci prennent conscience de leurs propres besoins en matière de vaccination, intégrer des questions concernant les vaccins dans d’autres services de pharmacie, et fournir des indications ou renseignements sur les vaccins avec les liens de réservation. Il est peut-être plus facile de commencer par mettre l’accent sur certaines populations à risque ou sur un type de vaccin à la fois.

Une erreur courante consiste à ne prendre en compte que les recommandations concernant les vaccins régulièrement programmés, qui visent l’ensemble de la population et dépendent d’un financement provincial. L’histoire tragique de Kai Matthews, qui est décédé de méningite à l’âge de 19 ans, alors qu’il était totalement à jour de ses vaccins de routine (les vaccins contre la méningite B ne sont pas systématiquement recommandés ou financés), montre combien il est important de fournir aux patients (de tous âges) une information détaillée sur tous les vaccins disponibles. Les pharmaciens peuvent être un point de contact régulier essentiel pour repérer les lacunes dans la protection. Nous devons aussi préserver l’autonomie des patients dans la décision de se faire vacciner en leur présentant toutes les recommandations et les options, indépendamment du coût des vaccins ou de l’existence d’un financement public.

Lorsqu’elles administrent des vaccins, les équipes de pharmacie peuvent également prendre des mesures ou faire des changements faciles pour améliorer l’expérience des patients, comme utiliser le Système CARD pour réduire la peur et la douleur liées aux vaccins (voir notre recherche sur les pratiques pharmaceutiques avec Anna Taddio à l’Université de Toronto, ainsi que la trousse CARD, ici).