Canadian Pharmacists Association
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Le point sur la pharmacie : Rencontre avec Kalbie Hokanson

Kalbie Hokanson

Kalbie Hokanson, PharmD, APA (elle/elle)
Pharmacienne, Medi-Drugs Clareview
Monitrice de laboratoire, Faculté de pharmacie et de sciences pharmaceutiques, Université de l’Alberta

Taanishii! Kalbie Hokanson est une pharmacienne métisse diplômée en 2022 de l’Université de l’Alberta. Elle vit et travaille dans le territoire des Premières Nations visées par le Traité no 6 en Alberta et dans la Région métisse no 4. Mme Hokanson est actuellement secrétaire des Professionnels et professionnelles autochtones de la pharmacie du Canada (PAPC) et fournit un soutien et des communications au Conseil d’administration de PAPC ainsi qu’aux membres de l’association. Elle travaille aussi comme pharmacienne dans la collectivité et est monitrice de laboratoire pour les exercices pratiques en laboratoire à l’Université de l’Alberta.

Questions et réponses

Nous avons rencontré Kalbie Hokanson pendant le Mois national de l’histoire autochtone afin de parler avec elle de l’exercice de la profession et de la façon dont les pharmaciens peuvent offrir aux collectivités autochtones des soins de santé sécuritaires et inclusifs.

Quelle est la principale chose que peuvent faire les pharmaciens afin de créer un espace sécuritaire et inclusif pour les patients autochtones?

Je pense que la chose la plus importante que puissent faire les pharmaciens afin de créer des espaces plus sécuritaires pour leurs patients autochtones est de prendre le temps de l’introspection et de l’apprentissage pour parvenir à la sécurité culturelle. J’ai l’impression que, plongés dans le quart de pharmacie, nous ne prenons pas le temps de remarquer comment certaines de nos actions, de nos pensées intériorisées et de nos paroles soutiennent sans le vouloir le racisme institutionnalisé et le racisme anti-Autochtones. Il faut d’abord, pour créer un espace sécuritaire, pouvoir reconnaître que l’on fait soi-même ou que son organisation fait peut-être partie du problème. Prendre un temps de qualité afin de réfléchir intentionnellement à ces questions peut montrer la voie pour créer un espace sécuritaire.

Pourquoi est-il important d’avoir des soins de santé adaptés aux différences culturelles, surtout dans une  pharmacie?

Il me semble que dans l’exercice de la pharmacie, il nous arrive de minimiser le déséquilibre du pouvoir que ressentent nos patients. En tant que professionnels de la santé, il est essentiel que nous continuions de nous rappeler que nous sommes des personnes privilégiées dans l’espace de la pharmacie. Nous ne pouvons pas commencer à soutenir des soins de santé des soins culturellement sécuritaires tant que nous ne reconnaissons pas que non seulement il y a un déséquilibre du pouvoir, mais qu’en plus, ce déséquilibre est plus important pour les membres de communautés marginalisées.

Comment les pharmaciens peuvent-ils jouer un plus grand rôle dans la défense de soins de santé inclusifs et tenant compte des différences culturelles, surtout pour la communauté autochtone?

Je pense que les pharmaciens peuvent devenir de meilleurs défenseurs plus instruits en ce qui concerne la santé des Autochtones en faisant en sorte de s’informer sur les collectivités autochtones qui les entourent. Il existe quantité de cours, d’articles, de vidéos, etc. Les pharmaciens peuvent aussi prendre le temps de se renseigner sur le territoire visé par quel traité se trouve leur pharmacie et sur les communautés autochtones qui vivaient sur ces terres avant la colonisation. Il y a plusieurs options, mais la plus importante sera celle qui sera mise en œuvre avec une intention positive. 

Quelle est la plus grande erreur que commettent les fournisseurs de soins de santé lorsqu’ils s’occupent de patients autochtones et comment peuvent-ils mieux faire?

La plus grande erreur que peuvent commettre les fournisseurs de soins de santé est de permettre que des stéréotypes et une stigmatisation déterminent leurs interactions avec des Autochtones. Bien trop souvent, la santé d’Autochtones est gravement et irréversiblement affectée parce qu’on leur a refusé des services de santé. Les professionnels de la santé doivent mieux faire en s’informant, en comprenant en quoi leur pratique peut comprendre un racisme anti-Autochtones et en sachant quelles mesures ils peuvent prendre pour changer cet état de choses.

Quelle est pour vous la partie la plus gratifiante de l’exercice de la pharmacie?

Ce qui me donne le plus de satisfaction professionnellement, c’est quand je peux travailler avec des personnes en me mettant à leur niveau et en m’attachant à tenir compte de ce qui est important pour elles. Là où j’exerce, nos patients sont en grande majorité diabétiques. J’ai l’occasion d’utiliser des techniques d'entrevue motivationnelle pour leur permettre d’agir sur ce qu’ils peuvent gérer. Résultat, je vois des améliorations non seulement dans les résultats sur le plan de la santé, mais aussi dans mes relations avec ces personnes. C’est gratifiant parce qu’ils voient en moi une professionnelle de confiance à qui ils peuvent poser des questions ou demander de l’aide.