Braver la tempête : Comment allez-VOUS?
Braver la tempête : « Comment allez-vous? »
par Christine Hrudka
Présidente, APhC
La question « Comment allez-vous? », qu’on me la pose ou que je la pose, prend une tout autre signification pendant la pandémie de COVID-19.
Cette pandémie est assurément le plus grand défi – et la plus grande source de stress — que nous avons connu dans nos carrières professionnelles. Et si l’épuisement professionnel et les affections liées au stress n’ont rien de nouveau, la COVID-19 y a encore ajouté avec la charge de travail accrue, les pénuries de médicaments, le manque d’équipement de protection individuelle et les incidents de violence sur le lieu de travail.
En fait, il ressort d’un sondage de l’APhC réalisé auprès des pharmaciens en avril que 73 % des répondants déclarent avoir fait l’objet de plus de harcèlement, que 85 % s’inquiètent pour leur sécurité personnelle et pour celle de leur équipe, et que 69 % s’inquiètent pour leur propre santé mentale.
Cette crise a certainement un effet notable sur nous et je sais que beaucoup ne se sentent pas appréciés. Nous savons aussi qu’en limitant la délivrance de médicaments à 30 jours de traitement, nous vous avons exposés à de nombreuses conversations difficiles avec vos patients. Ce n’est pas facile pour la pharmacie et il est probable que des temps plus difficiles nous attendent.
S’il y a une consolation, toutefois, c’est que les Canadiens nous voient et qu’ils sont reconnaissants de ce que nous apportons face à cette crise sanitaire extraordinaire.
Il ressort d’un sondage de l’APhC réalisé auprès de 1 996 Canadiens par AbacusData que nos concitoyens estiment très majoritairement que les pharmaciens jouent un rôle essentiel face à la COVID-19 et que 9 sur 10 pensent qu’ils devaient faire partie des travailleurs de la santé essentiels.
Pour une grande majorité de Canadiens – 82 % —, le gouvernement devrait fournir aux pharmaciens de l’équipement de protection individuelle et pour une majorité, les pharmaciens devraient être dépistés en priorité. Les Canadiens conviennent aussi que si les pharmaciens devaient travailler sans équipement de protection individuelle, moins de pharmacies seraient ouvertes (81 %), certaines devraient probablement fermer (74 %), et des pharmaciens contracteraient le virus et le propageraient (71 %).
Les toutes premières semaines de la pandémie ont été difficiles et, malheureusement, en tant que service essentiel, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Les pharmacies se sont incroyablement adaptées pour répondre aux besoins de leur collectivité et il se peut qu’elles doivent en faire encore plus. C’est pourquoi, en plus de nous occuper de toute personne qui franchit nos portes, il est tout aussi important que nous fassions attention à nous-mêmes.
C`était le thème central du webinaire de la série Discussions sur la COVID de l’APhC du 22 avril, Soutenir la santé mentale et le bien-être des pharmaciens (en anglais), au cours duquel un groupe de pharmaciens et de spécialistes de la santé mentale ont parlé de moyens de soutenir les équipes de pharmacie pendant la pandémie de COVID-19.
En une heure, ils ont mentionné beaucoup de stratégies concrètes et utiles pour gérer les facteurs de stress — professionnels et personnels — liés à la COVID-19. J’ai découvert beaucoup de choses en écoutant nos collègues pharmaciens décrire ce qu’ils voient et ressentent en première ligne, notamment :
Une grande responsabilité
Comme bien d’autres fournisseurs de soins de santé primaire en première ligne, nous nous sentons responsables de tout et de chacun. « C’est terrible, a déclaré un des intervenants, le poids qu’on ressent de la responsabilité de la sécurité de la famille, des patients, du personnel. Le besoin de régler vite un problème, à chaque instant. »
Surcharge liée à la COVID-19
Il y a tellement d’information qui circule que nous ne pouvons pas l’éviter. Mais quelle part de la surcharge nous infligeons-nous nous-mêmes? Nous pouvons choisir quelle quantité nous voulons consommer. Est-ce que ce que nous lisons nous aide dans notre travail? Sinon, à nous de choisir de continuer de lire ou pas.
Compassion et auto-compassion
Les pharmaciens savent très bien faire preuve de compassion à l’égard d’autrui, mais il n’en va pas de même à leur propre égard. La compassion et l’auto-compassion sont deux choses différentes. Si vous ne pratiquez pas l’auto-compassion – le fait de vous ménager —, vous courrez à l’épuisement.
L’espace « sacré »
Le groupe de discussion était unanimement d’avis qu’il est essentiel, pour gérer la peur et l’anxiété, de créer chez soi un espace d’où la COVID-19 est exclue. De petites choses, comme écouter une musique apaisante, prendre longuement un bain ou une douche, ou redécouvrir un intérêt depuis longtemps oublié, comme jouer de la guitare, peuvent vraiment tout changer.
Prendre soin de soi n’est pas égoïste
Pour beaucoup, l’idée de prendre soin de soi sonne, disons-le, égoïste. Or, ça ne l’est pas. Vous devez vous occuper de vos propres besoins avant de pouvoir vous occuper d’autres personnes.
J’espère que vous prendrez le temps d’écouter l’enregistrement du webinaire et qu’il vous apportera autant qu’à moi. Une fois de plus, je vous remercie de tout ce que vous faites et de votre dévouement, tandis que vous continuez de répondre présent pour vos patients. Prenez soin de vous.